Langue et parole à l’épreuve de la Déportation
ou Ce que produit le discours du Droit : du risque à la vulnérabilité
Du 14 au 16 mars 2019
à l'Université catholique de Lille - Faculté de théologie - salle 247
En s’appuyant sur une stratégie communicationnelle très spécifique, le régime de l’extrême droite nazie a réussi à triompher démocratiquement en Allemagne en 1933. Cette stratégie communicationnelle est fondée sur une ontologie redoutable reposant sur un système binaire : il y a dans le monde les hommes dont la vie vaut la peine d’être vécue et de l’autre les « nuisibles », ceux dont la vie ne vaut pas la peine d’être vécue (lebensunwertes Leben). Ils sont assimilés soit à des insectes, soit à des numéros, notamment. Ce régime n’hésite pas à placarder des formules d’une rare violence comme « die Juden sind unser Unglück » ou à qualifier des peuples comme les Tsiganes de « fainéants ». On propose en contraste, une image du peuple allemand composé d’hommes forts et sveltes qui arborent toutes les vertus : en témoigne le film réalisé par Leni von Riefenstahl pour les jeux olympiques de Berlin.
Le langage permettant la destruction humaine se vide de toute émotion. Ainsi en va-t-il des codes des programmes de destruction (Aktion T4, Aktion 14f13). Il devient le langage à la fois le langage de l’efficience et celui de l’hygiénisme. Dans le procès de Eichmann le procureur fait référence au bureau 4B4. Derrière le code, se trouve la responsabilité du département des affaires juives du service de répression. Des termes comme "nettoyages" sont utilisés pour justifier les crimes de masse.
Ce langage apparaît très tôt dans les procédures d’extermination qui eurent lieu au XXème siècle. On pense au génocide des Héréros et des Namas en 1904, en Afrique du sud.
Outre les études qui ont été faites de ce langage vidé d’humanité et essentiellement fonctionnaliste, telle celle de Klemperer, se trouve celle de Kafka, qui pressentait la montée d’un hyper-autoritarisme administratif et juridique.
A coté de ce langage d’un pouvoir destructeur, se trouve celui de la victime déshumanisée pour un temps. Dans un ouvrage intitulé Bourreaux et Victimes, psychologie de la torture, Paris, Odile Jacob, 1999, Françoise Sironi met face à face bourreau et victime et explique que pour pouvoir espérer soulager ou simplement comprendre la victime, il faut connaître l’intention du bourreau. Plus largement, notre orientation dans ce colloque sera de mettre en vis-à-vis, le langage de l’administration nazie, sa sémantique et le langage des déportés, fait à la fois de récits d’une vie fragmentée ou éclatée, mais aussi de formules ou ressources langagières relatives à la quotidienneté du camp. Nous ne laisserons pas de côté la part d’indicible ni les maladies du langage comme l’aphasie.
BULLETIN D'INSCRIPTION :
NOM :____________________________________________
PRENOM :________________________________________
Mail :_____________________________________________
Adresse postale :___________________________________
_________________________________________________
Tél.(obligatoire)_____________________
Inscription : 25 euros x
jeudi midi : 20 euros x
vendredi midi : 20 euros x
TOTAL :
Merci de libeller votre règlement à l'ordre de l'Institut catholique de Lille et de l'envoyer à
Institut catholique de Lille
l'attention de Cathy Leblanc, Faculté de Théologie
60 Bd Vauban
CS40109 - 59016 Lille Cédex
- Survivre dans les camps
Charles Coutel (IEFR),
Sur un épisode de Si c’est un homme de Primo Levi
Dominique Durand (Association des Anciens déportés de Buchenwald),
Comprendre l’allemand des camps, élaborer une langue commune: le langage des déportés.
Mary Honan (Dublin City University),
Shoah Childhood, Deportation, and the creative language of universality and of protection
Adrien Louandre (Université de Picardie),
Exprimer la foi chrétienne dans les camps
- Des mots pour la mort
Hans Boetcher (Tribunal d’Instance de Lubec),
De la loi à la reconstitution de la fonction publique (Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums) du 7 avril 1933 - épuration (!) de la fonction publique, prélude aux lois de Nuremberg du 7 septembre 1935
Odile Louage (AFMD-DT59),
Les arguments de la propagande
Monique Heddebaut (Education Nationale),
Approche du langage administratif du IIIème Reich
Denis Salas (AFHJ, ENM), La Langue de l’arbitraire
Sylvie Humbert (Université catholique de Lille, AFHJ),
"Le juste discours du droit (des mots pour le dire, des mots pour le faire) générateur de risques injustes : l'exemple des génocides et la vulnérabilité des peuples".
- La Parole traumatique
Renato Boccali (Université Libre des Langue et communication, Milan).,
Aphasie et murmure du silence : la parole en exile du témoin
Serge Raymond (FMD),
Le Langage des sous-vivants, le retour des camps et la question de la reconnaissance
Karl Thir
La Logothérapie : une parole salutaire basée sur le sens
- Considérations contemporaines
Isabelle de Menequem (Université de Reims),
Montaigne et l’antisémitisme contemporain
Cathy Leblanc (Université catholique de Lille),
« La Leçon »
Pol Vandevelde (Université Marquette de Milwaukee, USA),
La parole comme reconnaissance de la vulnérabilité
Christophe Perrin (Université de Louvain-la-Neuve),
Retour de Babel ou l’humanité au bout de la langue
- Le Silence pour répondre
Pierre Outteryck (Université de Lille),
Le Silence : nécessité et choix
Olivier Rota (IEFR),
Élie Wiesel, des silences pour dire la Shoah.