COLLOQUE INTERNATIONAL INTERDISCIPLINAIRE
Le corps
à l’épreuve de la déportation
12-13-14 mars 2015
70ème anniversaire de la libération des camps
Lieu : Université Catholique de Lille
60 Bd Vauban
Coût : 20 € pour les 3 jours
gratuit pour les étudiants et moins de 25 ans
Renseignements & Inscriptions :
06 82 54 95 07 ou colloque.corps.2015@orange.fr
!! Programme prochainement en ligne sur www.cathyleblanc.fr
Lorsque l’on essaie de comprendre la déportation qui a résulté de la barbarie nazie, on se penche sur les mécanismes par lesquels elle a été rendue possible, on se demande si les bourreaux sont des criminels nés, on essaie de dresser une typographie des différents traumatismes psychiques engendrés chez les victimes. On évoque souvent soit les tas de cadavres, soit la torture mais sans jamais se demander vraiment quel rapport le déporté entretient avec son corps. On pense à tort que cela est évident. Et pourtant il convient de se demander comment le prisonnier interprète les transformations que subit son corps, comment il y résiste, quels sentiments lui inspire ce corps qui lui est propre, le corps des autres ?
La question du corps, c’est aussi celle de conditions de vie, là où le corps devient un vecteur de proximité et de distance : proximité insoutenable avec le corps des autres co-detenus, distance insoutenable avec le corps nazi. Comment a donc pu se vivre une si grande proximité et une si grande distance à la fois ? Accepte-t-on de dormir serrés comme des sardines dans une boîte, lorsque le soir venu, on doit se « coucher » dans les châlits ? Eprouve-t-on du mépris à l’égard du corps de l’autre ou de l’autre en son corps ? Finit-on par y trouver quelque chaleur, quelque compensation ?
La question du corps, c’est aussi celle de la sexualité qui se vit à travers et par le corps ? Le soin, l’infinie pitié pour le corps de l’autre n’intensifient-ils pas le sentiment de proximité au point d’amener les âmes à se rapprocher. L’intensité de la souffrance ne conduit-elle pas à franchir des seuils qui, dans la vie courante posent les jalons de normes naturelles ou sociales ?
La journée théorique du jeudi viendra nous fournir des outils conceptuels qui nous permettront de comprendre les enjeux relatifs à la question du corps. Il y sera question du corps théologique (le corps et l’esprit), philosophique (habiter son corps, corps et présence), anthropologique, sociologique, puis dès la deuxième journée, nous réfléchirons à partir de données issues directement du terrain pour ouvrir, le samedi, sur des considérations juridiques et historiques. Cette approche du corps vient compléter l’étude de la fraternité, c’est-à-dire du lien de personne à personnes qui pouvait ou ne pouvait exister dans les camps, et l’étude du pardon, qui interrogeait le lien passé/présent.