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1 juillet 2022 5 01 /07 /juillet /2022 13:39

Colloque sur la science à l’épreuve de la Déportation

Du 5 au 7 mai 2022

Le colloque sur la science à l’épreuve de la Déportation s’est tenu du 5 au 7 mai 2022 à l’Université catholique de Lille, à l’initiative de Cathy Leblanc. Nous nous en réjouissons après deux années difficiles pour tout le monde où la vidéo-conférence a pris le relais. Comme chaque année chercheurs, associatifs, nationaux et internationaux ont participé dans une ambiance très conviviale.

L’enjeu était de questionner la manière dont la science fut manipulée pour servir des intérêts criminels et totalitaires et, comme l’affirme Jean-François Petit, philosophe, d’observer la manière dont « les sciences se laissent emporter par un torrent qui les submerge ».

Pol Vandevelde, depuis les Etats-Unis nous conforte dans cette tendance en interrogeant la part éthique des sciences et en demandant ce qu’il reste de la personne.

La journée d’ouverture a pu montrer l’actualité de la question scientifique et de ses risques, notamment avec l’épineuse problématique du transhumanisme traitée par Thierry Magnin, vice-recteur de l’Université catholique de Lille. Nous y avons aussi écouté avec beaucoup d’interêt la conférence de Lucian Danca, théologien roumain de l’Université de Bucarest, dont le propos portait sur l’hypersurveillance en Roumanie sous le régime Ceausescu.

Une question se pose d’emblée : à partir de quels types d’attitudes, la violation du respect d’autrui a-t-elle lieu ? Karl Thir, chercheur autrichien, a évoqué Viktor Frankl son traitement de la responsabilité. En vous substituant à la responsabilité d’un tiers, vous lui ôtez sa liberté et ses droits fondamentaux.

La science, c’est aussi l’expérimentation. La personne qui en est victime devient un pur objet, à l’instar de Clément Quentin (1920-2019) à Dachau (voir son livre « Cobaye humain à Dachau » publié par l’AFMD 49). Pour échapper à cette situation, il mentit sur les résultats des tests qu’on lui faisait subir. Cela lui permit de sauver sa liberté et de résister.

Le docteur en philosophie polonais, Marek Langowski, a abordé le programme T4 pour en montrer les étapes et l’horreur, insistant sur l’extermination des personnes handicapées.

Cet aspect fut approfondi par la conférence du philosophe Jean-François Rey, à propos du traitement des malades des hôpitaux psychiatriques en France pendant le régime de Vichy. Il cita d’ailleurs le cas de Camille Claudel, morte de faim en 1943 à l’asile de Montfavet.

Jacques Richard a évoqué les liens de ce qui était devenu la Reichsuniversität de Strasbourg, avec le Struthof. Il s’agit d’une université nazie, créée alors que les services de l’Université de Strasbourg s’étaient repliés à Clermont-Ferrand.

Tout ceci relevait d’un « plan concerté », expression qui fut retenue dans le mobile de « crime contre l’humanité » en 1946 à Nuremberg. L’illustration en fut donnée par Odile Louage présidente de l’AFMD 59 qui analysa des vidéos de propagandes vouées à convaincre les populations allemandes du bienfondé des assassinats. On peut lire en légende d’une image montrant une petite fille au visage déformé par son handicap « C’est pour cela que vous payez des impôts ».

L’historienne Monique Heddebaut a également souligné l’importance de cette propagande alors qu’elle traita la question de l’internement et de la déportation des Tsiganes et aussi de leur stérilisation.

Toutes ces horreurs répondaient à la volonté de construire un homme nouveau comme le montra Dominique Durand évoquant les Lebensborn : ce sont 12000 à 18000 enfants qui sont nés dans ces lieux dont un chanteur du groupe ABBA.

Laurent Thierry, historien au musée de la Coupole de Saint-Omer nous expliqua comment ce lieu était devenu un centre de lancement de V2.

Il fallait en ces temps et dans cette dictature - c’est vrai d’autres dictatures - justifier l’injustifiable ainsi que l’expliqua Sylvie Humbert en citant Jacques Maritain.

L’irlandaise Mary Honan, docteur en littérature anglaise, montra comment tout ceci se retrouve dans la littérature enfantine de la Shoah.

Il fallait sans doute pour garder un peu d’espoir, se fier à ses convictions, la religion, par exemple, ce que développa Laurence Bovy, chercheuse à l’FUTP de Bruxelles.

Ces journées furent suivies d’une soirée sur l’Ukraine, avec la participation de Natalia Sulikashvili, professeur en civilisation slave.

Cathy Leblanc

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