Colloque International Interdisciplinaire sur
Religion et Spiritualité à l’épreuve de la déportation
du 9 au 11 mars 2017
à l’Université catholique de Lille
French version
(English version below)
Le colloque de cette année proposera une analyse de la fonction de la religion ou de la spiritualité dans les situations extrêmes qu’ont pu vivre les déportés des camps nazis. Notre objectif est de compléter l’étude thématique lancée en 2011 avec le questionnement sur le pardon et suivie d’études sur la fraternité (2014), le corps (2015) et l’écriture dans les camps (2016).
La question qui est posée ici a pour objectif de mieux comprendre le positionnement psychique de ceux et celles qui ont été soumis à l’épreuve de la déshumanisation nazie et l’une des premières questions qui se pose est des plus évidentes car la moitié des déportés l’ont été parce qu’ils étaient juifs : pourquoi la figure du Juif s’ajuste-t-elle à celle du bouc émissaire du régime nazi ? Entre nationalité et religion, qu’est-ce qui est en cause et pourquoi ?
Mais ce colloque s’attachera aussi à la pratique religieuse elle-même dans les camps : nous nous demanderons en quoi l’attachement à une représentation religieuse ou spirituelle et aux valeurs qu’elle implique peut permettre au déporté de supporter et de se maintenir à distance du dépouillement dans lequel on a voulu le plonger.
Nous nous demanderons encore en quoi ont consisté les pratiques religieuses et spirituelles, comment, par exemple les rites funéraires ont pu être réalisés ou compensés et par quoi ils l’ont été.
Par religion, nous entendons toute référence à Dieu, nous incluons les pratiques, représentations et valeurs de toutes les religions présentes dans les camps. Par spiritualité, nous entendons tout lien mû par une représentation particulière ou symbolique de l’ordre des choses (franc-maçonnerie, libre pensée, rose-croix…), et nous étendons cette notion de spiritualité à des adhésions politiques requérant de la part de ses membres un positionnement particulier les uns vis-à-vis des autres. Nous avons vu, par exemple que nous pouvions parler d’une fraternité communiste. Un lien particulier unit cette communauté, nombreuse dans les camps. Nous avons aussi rencontré des catholiques communistes. Nous pourrions aussi parler des Républicains espagnols.
La question est donc aussi de savoir comment le lien, la manière dont il se matérialise, la manière dont il se rattache à une valeur élevée peut permettre de sauver des vies et cette réflexion pourra être utile aujourd’hui dans des domaines comme le domaine hospitalier.
Notre souhait est également de retrouver la trace de pratiques religieuses dont on ne parle que très peu, en évoquant la grande question de la survie dans les camps, à savoir, par exemple, l’Islam. Nous avons rencontré des descendants de musulmans déportés et nous souhaitons aussi dans ce colloque recueillir leur témoignage. Une enquête a été lancée en ce sens.
Nous rappellerons les religions présentes dans les camps, nous essaierons de faire le point sur les spiritualités, nous verrons que les positionnements sont multiples. Pour les uns Dieu n’est pas, ou n’est plus à Auschwitz. Nous essayerons de comprendre comment le phénomène des camps a pu impacter la religion ou tout simplement la confiance dans le lien qui unit les hommes les uns aux autres ?
Nous verrons aussi que sans identification particulière, des motifs religieux apparaissent ici et là. Par exemple, pour faire référence aux voyages de mémoire, on parle aujourd’hui de « pèlerinage dans les camps ».
Voilà autant de points qui seront abordés dans ce colloque annuel.
Informations : écrire à cathy.leblanc@univ-catholille.fr ou au secrétariat de la faculté de théologie (ICL)
Le programme sera disponible sur www.cathyleblanc.fr
Inscription : 20 euros ; gratuits pour étudiants, demandeurs d’emploi et moins de 26 ans
International Interdisciplinary Symposium on Religion and Spirituality in the context of the deportation in Nazi Concentration Camps
From march 9th to 11th 2017
at Lille Catholic University
English version
This year’s symposium will propose an analysis of the function of religion or spirituality in the extreme situations the survivors of Nazi concentration camps encountered. Our aim is to complete the series of thematic studies launched in 2011 and that first addressed forgiveness. It was followed in 2014 with the question upon brotherhood, 2015 about the body and 2016 dealt with writing.
The aim is to improve our understanding of the psychic positioning of those who have been submitted to the trial of Nazi dehumanisation and the first question one wonders about, given half of the camp population was made of Jewish people : why did the figure of the Jew become that of the scapegoat of the Nazi regime ? Between nationality and religion, what was it that was pursued ?
But this symposium will also question the religious practice itself in the camps : we will wonder why the attachment to a religious or spiritual representation and to their connected values did enable the survivor to take a distance from the impoverishment into which they were pushed.
We will wonder what those religious and spiritual practices were made of, how, for instance the funeral rituals were led, compensated and by what they have been so. This reflexion will also open on great religious or spiritual figures in the camps (biographies).
By religion, we refer to any reference to God, we include the practices, representations and values of all the religions present in the camps. By spirituality, we understand any link moved by a particular or symbolic representation of a order of things (free masonry, free thinking, rosicrucianism …) and we extend the notion of spirituality to political adhesions requiring a special positioning from its members. We have seen, for instance in a previous symposium that it was possible to speak of a communist brotherhood. A particular link unites that community, which was numerous in the camps. There are communist Catholics. We could also mention the Spanish Republicans.
The question is then to understand how the link, the way it get materialized, the way it can be connected to an elevated value, can save lives and this reflexion will also be useful today in the medical field.
Our wish is also to find the trace of religious practices that are never mentioned when talking of those camps, namely, for instance Islam. We have met descendants of Muslim survivors and we would like to gather their testimonies. An inquiry has been launched in this sense.
We will recall the religions present in the camps, we will try to have an idea of the spiritualities, and we will see that the ways people could position themselves were multiple. For some God is not or is not anymore in Auschwitz. We will also try to understand how the phenomenon of the camps have been able to impact religion or just the trust one can have into the link that unites human beings.
Last but not least, we will see that without any particular belonging, some religious motives appear here and there. For instance today, the word “pilgrimage” is used to refer to memory trips. These are some points which will be tackled during this annual international interdisciplinary symposium.
Informations : you can write to cathy.leblanc@univ-catholille.fr or contact the secretariat of the faculty of theology of Lille Catholic University 03.20.13.41.57 or 06.82.54.95.07
The program will be available at www.cathyleblanc.fr Inscription : 20 euros ; free for students, unemployed and below 26 years old.