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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 19:22
De gauche à droite : Jean-François PETIT (professeur de philosophie à l'ICP), Antoinette Montaigne (ancienne ministre de la réconciliation de Centrafrique, Cathy Leblanc (professeur de philosophie à l'ICL), le Cardinal Nzapalainga de Bangui

De gauche à droite : Jean-François PETIT (professeur de philosophie à l'ICP), Antoinette Montaigne (ancienne ministre de la réconciliation de Centrafrique, Cathy Leblanc (professeur de philosophie à l'ICL), le Cardinal Nzapalainga de Bangui

Ce weekend eut lieu une rencontre informelle qui a permis de discuter des violences contemporaine en Afrique. Spécialiste de la région et de l'interculturel, Jean-François Petit s'attache à comprendre le jeu des forces en conflit, tandis que le Cardinal explique les problèmes de Centrafrique. Antoinette Montaigne, ancienne ministre de la réconciliation de Centrafrique souligne la question des enfants-soldats. Cathy Leblanc pose la question de l'applicabilité des recherches sur la barbarie nazie dans d'autres contextes. La francophonie rend les échanges possibles et ouvre sur la possibilité non seulement de soutiens universitaires venus ici de Paris et de Lille, mais aussi de réflexions permettant de comprendre davantage comment l'on devient bourreau ou comment la violence peut être enrayée. 

Cathy Leblanc

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 13:52

Colloque international interdisciplinaire - Inscription obligatoire

La Loi à l’épreuve de la Déportation

Ou Comment évaluer les risques quand la loi imposée est mise au service du mal

Du 15 au 17 mars 2018

à l'Université catholique de Lille - Faculté de théologie (2ème étage du bâtiment académique), salle 247.

Inscription obligatoire auprès de Cathy Leblanc (cathy.leblanc2@wanadoo.fr)

Gratuit pour les étudiants et moins de 26 ans, 20 euros pour les 3 jours.  

Merci de libeller votre règlement à l’ordre de l’ « Institut Catholique de Lille », et de l’envoyer à  Faculté de Théologie, 60 Bd Vauban – CS 40109 – 59016 LILLE Cédex, en précisant, NOM, PRENOM, ADRESSE MAIL, N° de Téléphone.

 

Repas du jeudi midi : 25 euros ; repas du vendredi midi : 25 euros : chèque à l'ordre de l'Institut Catholique de Lille.

Faire deux chèques différents pour l'inscription et les repas. Merci. 

 

                La tradition de ce colloque annuel est de mettre un thème à l’épreuve d’un contexte de situation extrême bien particulier : celui de la Déportation des populations juives mais aussi de tous les indésirables de l’extrême droite nazie.

                Nous questionnerons cette année la loi dans tous ses aspects :

  • L’appareil légal qui fournira aux acteurs de l’appareil politique extrémiste de quoi transporter les populations incriminées dans des camps de natures diverses allant du camp de travail au camp d’extermination, de quoi faire périr une partie de ces populations selon des méthodes relevant du génie technique mis au service de la barbarie et de la haine. La grande question que nous nous posons est celle de savoir comment des lois criminelles peuvent être rédigées en toute impunité, puis publiées mais surtout suivies par des citoyens obéissants dont le niveau de culture n’avait rien à envier à d’autres, ce qui nous amènera à un autre questionnement : celui de la culture de la haine et de la violence mais aussi celui de la contamination, de Nuremberg à nos jours.
  • Cette enquête nécessite un éclairage sur la notion de « loi ». Qu’est-ce qu’une loi ? Qu’est-ce que la loi ? Comment peut-elle devenir un référent éthique et spirituel, régir des comportements, décider du destin de tout un peuple ?
  • La loi, c’est aussi la loi morale à l’œuvre dans l’incarcération, l’emprisonnement, dans des lieux improbables où règne la barbarie organisée, cette loi qui, en dépit de tout pousse les uns à s’enquérir des autres, à éprouver le souci de l’altérité. Nous la retrouvons à l’œuvre dans les communautés juives, dans les communautés communistes, dans les communautés féminines de Ravensbrück…
  • Cette étude thématique posera la question de ce qui se vit autour des lois criminelles : que se passe-t-il au niveau individuel et judiciaire pour ceux qui appliquent ces lois ? La temporalité est importance ici : il y a d’abord le moment de l’impunité : aucun risque pour ceux qui appliquent le système. Les risques augmentent ensuite, quand vient le temps de la condamnation. Il y a aussi ceux qui choisissent de lutter, d’entrer en résistance. Pour eux, la temporalité du risque est inversée : il est très présent d’abord, puisque, opposants au système, ils iront les premiers remplir les camps de concentration et pour certains périr. Dans un deuxième temps après la libération, pour ceux qui sont restés en vie, intervient la reconnaissance, la mise à l’honneur. Cette étude évoquera le contournement et le courage par lesquels certaines personnalités ont fait face à l’insoutenable. Nous ne consacrerons pas le colloque à la Résistance, ce qui sera l’objet d’un autre colloque, mais nous citerons quelques exemples originaux et inconnus en France.

A partir de cet exemple, tiré de l’un des pires génocides qu’ait connu l’histoire, nous souhaitons jeter aussi un peu de lumière sur les événements contemporains par lesquels une idéologie criminelle vient contaminer des esprits et les convertir à une détermination criminelle elle aussi et qui passe pour une « purification » sociale et spirituelle, tout comme le génocide juif passait pour une purification. C’était déjà le terme d’usage dans les génocides du début du XXème siècle.

Cet exemple de barbarie devait nous permettre de nous demander comment des populations entières sont littéralement « appâtés » (hooked), et littéralement soumises obéissant aux pires des ordres. La question centrale est de savoir si la notion de risque est déterminante dans les choix que font les uns et les autres. Voilà l’objectif du travail de cette année auquel s’attellera une équipe qui depuis sept ans maintenant travaille de concert, sur cette thématique.

 

Programme :  

JEUDI

INTRODUCTION THEORIQUE

Cathy LEBLANC, UCL, Le Concept de loi

Catherine VIALLE, UCL, La Loi dans l’ancien testament

LES LOIS CRIMINELLES

Monique HEDDEBAUT, professeur agrégé d’histoire, Les Lois de Nuremberg

Odile LOUAGE, présidente de l’AFDM-DT59, La Loi du sang

Hans BOETTCHER, Président du TGI honoraire de Lübeck, La Loi et la Justice (au double sens du terme)

Christophe PERRIN, chercheur associé de l’UCLouvain, Une loi pour les chiens ? Kant à Auschwitz

VENDREDI

Sylvie HUMBERT, Une nouvelle approche de la justice pénale internationale, des risques humains causés par des lois criminelles.

CONSEQUENCES DESTRUCTIVES

Jean-François PETIT, ICP, L’Expérience d’Emmanuel Mounier en prison, un rapport singulier à la loi.

             Mary HONAN, La Victime dans la littérature enfantine de la Shoah

Serge RAYMOND, FMD, La Blessure psychique

Stanislas DEPREZ, Ethics-UCL, Civilisation, loi et shoah. Réflexions sur les allemands de Norbert Elias.

RESISTANCE ET DETOUR

Dominique DURAND, Président du CIBD Buchenwald-Dora et Kommando, La loi morale dans les camps

David PETTIGREW, SCSU (USA), A propos de Varian Fry

            SAMEDI

            Pannel : Mathilde BOULAINGUIEZ, Jean-Baptiste CASBONNE, Florent TOFFIN,

Sophie Scholl

CONDAMNATIONS et REVELATIONS

Denis SALAS, Les Procès des grands criminels nazis

Cathy LEBLANC, La Conscience de Eichmann

Jean-Claude JEAN, président de chambre à la Cour de cassassion,  Assumer les conséquences des lois de Vichy

Programme susceptible de modifications mineures 

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 21:37

Colloque International Interdisciplinaire sur

Religion et Spiritualité à l’épreuve de la déportation

du 9 au 11 mars 2017

à l’Université catholique de Lille

French version

(English version below)

 

Le colloque de cette année proposera une analyse de la fonction de la religion ou de la spiritualité dans les situations extrêmes qu’ont pu vivre les déportés des camps nazis. Notre objectif est de compléter l’étude thématique lancée en 2011 avec le questionnement sur le pardon et suivie d’études sur la fraternité (2014), le corps (2015) et l’écriture dans les camps (2016).

La question qui est posée ici a pour objectif de mieux comprendre le positionnement psychique de ceux et celles qui ont été soumis à l’épreuve de la déshumanisation nazie et l’une des premières questions qui se pose est des plus évidentes car la moitié des déportés l’ont été parce qu’ils étaient juifs : pourquoi la figure du Juif s’ajuste-t-elle à celle du bouc émissaire du régime nazi ? Entre nationalité et religion, qu’est-ce qui est en cause et pourquoi ?

Mais ce colloque s’attachera aussi à la pratique religieuse elle-même dans les camps : nous nous demanderons en quoi l’attachement à une représentation religieuse ou spirituelle et aux valeurs qu’elle implique peut permettre au déporté de supporter et de se maintenir à distance du dépouillement dans lequel on a voulu le plonger.

Nous nous demanderons encore en quoi ont consisté les pratiques religieuses et spirituelles, comment, par exemple les rites funéraires ont pu être réalisés ou compensés et par quoi ils l’ont été.

Par religion, nous entendons toute référence à Dieu, nous incluons les pratiques, représentations et valeurs de toutes les religions présentes dans les camps. Par spiritualité, nous entendons tout lien mû par une représentation particulière ou symbolique de l’ordre des choses (franc-maçonnerie, libre pensée, rose-croix…), et nous étendons cette notion de spiritualité à des adhésions politiques requérant de la part de ses membres un positionnement particulier les uns vis-à-vis des autres. Nous avons vu, par exemple que nous pouvions parler d’une fraternité communiste. Un lien particulier unit cette communauté, nombreuse dans les camps. Nous avons aussi rencontré des catholiques communistes. Nous pourrions aussi parler des Républicains espagnols.

La question est donc aussi de savoir comment le lien, la manière dont il se matérialise, la manière dont il se rattache à une valeur élevée peut permettre de sauver des vies et cette réflexion pourra être utile aujourd’hui dans des domaines comme le domaine hospitalier.

Notre souhait est également de retrouver la trace de pratiques religieuses dont on ne parle que très peu, en évoquant la grande question de la survie dans les camps, à savoir, par exemple, l’Islam. Nous avons rencontré des descendants de musulmans déportés et nous souhaitons aussi dans ce colloque recueillir leur témoignage. Une enquête a été lancée en ce sens.

Nous rappellerons les religions présentes dans les camps, nous essaierons de faire le point sur les spiritualités, nous verrons que les positionnements sont multiples. Pour les uns Dieu n’est pas, ou n’est plus à Auschwitz. Nous essayerons de comprendre comment le phénomène des camps a pu impacter la religion ou tout simplement la confiance dans le lien qui unit les hommes les uns aux autres ?

Nous verrons aussi que sans identification particulière, des motifs religieux apparaissent ici et là. Par exemple, pour faire référence aux voyages de mémoire, on parle aujourd’hui de « pèlerinage dans les camps ».

Voilà autant de points qui seront abordés dans ce colloque annuel.

Informations : écrire à cathy.leblanc@univ-catholille.fr ou au secrétariat de la faculté de théologie (ICL)

Le programme sera disponible sur www.cathyleblanc.fr

Inscription : 20 euros ; gratuits pour étudiants, demandeurs d’emploi et moins de 26 ans

 

International Interdisciplinary Symposium on Religion and Spirituality in the context of the deportation in Nazi Concentration Camps

From march 9th to 11th 2017

at Lille Catholic University

English version

This year’s symposium will propose an analysis of the function of religion or spirituality in the extreme situations the survivors of Nazi concentration camps encountered. Our aim is to complete the series of thematic studies launched in 2011 and that first addressed forgiveness. It was followed in 2014 with the question upon brotherhood, 2015 about the body and 2016 dealt with writing.

The aim is to improve our understanding of the psychic positioning of those who have been submitted to the trial of Nazi dehumanisation and the first question one wonders about, given half of the camp population was made of Jewish people : why did the figure of the Jew become that of the scapegoat of the Nazi regime ? Between nationality and religion, what was it that was pursued ?

But this symposium will also question the religious practice itself in the camps : we will wonder why the attachment to a religious or spiritual representation and to their connected values did enable the survivor to take a distance from the impoverishment into which they were pushed.

We will wonder what those religious and spiritual practices were made of, how, for instance the funeral rituals were led, compensated and by what they have been so. This reflexion will also open on great religious or spiritual figures in the camps (biographies).

By religion, we refer to any reference to God, we include the practices, representations and values of all the religions present in the camps. By spirituality, we understand any link moved by a particular or symbolic representation of a order of things (free masonry, free thinking, rosicrucianism …) and we extend the notion of spirituality to political adhesions requiring a special positioning from its members. We have seen, for instance in a previous symposium that it was possible to speak of a communist brotherhood. A particular link unites that community, which was numerous in the camps. There are communist Catholics. We could also mention the Spanish Republicans.

The question is then to understand how the link, the way it get materialized, the way it can be connected to an elevated value, can save lives and this reflexion will also be useful today in the medical field.

Our wish is also to find the trace of religious practices that are never mentioned when talking of those camps, namely, for instance Islam. We have met descendants of Muslim survivors and we would like to gather their testimonies. An inquiry has been launched in this sense.

We will recall the religions present in the camps, we will try to have an idea of the spiritualities, and we will see that the ways people could position themselves were multiple. For some God is not or is not anymore in Auschwitz. We will also try to understand how the phenomenon of the camps have been able to impact religion or just the trust one can have into the link that unites human beings.

Last but not least, we will see that without any particular belonging, some religious motives appear here and there. For instance today, the word “pilgrimage” is used to refer to memory trips. These are some points which will be tackled during this annual international interdisciplinary symposium.

 

Informations : you can write to cathy.leblanc@univ-catholille.fr or contact the secretariat of the faculty of theology of Lille Catholic University 03.20.13.41.57 or 06.82.54.95.07

The program will be available at www.cathyleblanc.fr Inscription : 20 euros ; free for students, unemployed and below 26 years old.

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24 avril 2016 7 24 /04 /avril /2016 13:44

 

L’empathie désigne notre capacité à ressentir ce que ressent autrui, à accéder émotionnellement à la souffrance d’autrui. Elle représente une forme de compréhension par laquelle la communauté des êtres humains accède à ce qui fonde son humanité. Etre en mesure de comprendre émotionnellement autrui, c’est aussi valider l’humanité qui est idéalement en nous. Ainsi disons-nous de quelqu’un qui manifeste cette compréhension émotionnelle, qu’il est ou qu’elle est humain ou humaine.

Il faut donc rechercher l’empathie dans la relation que nous avons vis-à-vis d’autrui. L’empathie s’exerce dans les rapports d’altérité. Cette disposition est davantage une disposition de cœur qu’une disposition d’esprit. Elle suppose la mise en œuvre de la sensibilité à l’égard d’autrui, sensibilité qui devient un véritable instrument de mesure. Nous prenons la mesure du bien-être d’autrui en nous posant émotionnellement la question de son état, en nous souciant de lui et cette forme de souci là nous remplit d’humanité et confirme notre humanité.

Etre humain n’est pas un état. C’est un exercice continu. Et il n’est pas anodin que la formation des bourreaux passe par la destruction de leur empathie. Comment détruit-on l’empathie d’une personne ou d’un enfant ? C’est la question que se sont posés les nazis en formant des jeunes qui allaient gagner un courage « sur-humain ». C’est aussi la question que se sont posés les bourreaux de Daech qui, pour former les enfants en bas âge à une insensibilité qui leur permettra de perpétrer le crime, commencent par leur demander de s’exercer à couper la tête de beaux nounours blancs. Certains enfants s’y refusent et cela est d’autant plus difficile pour eux que la peluche est un lieu de projection par excellence de la sensibilité enfantine.

Il a fallu aux bourreaux nazis faire taire leur sensibilité pour pouvoir perpétrer d’horribles tortures, mais aussi manager le crime de masse, décider du transport de pauvres ères vers des lieux d’anéantissement, décider des rations alimentaires qui leur permettraient de survivre pendant une période donnée (neuf mois à Buchenwald avant 1945), décider de pratiquer des expériences biologiques sur des êtres humains comme cela fut fait à Dachau ou à Ravensbrück où l’on incisait les jambes des femmes pour y placer des bactéries et tester des remèdes potentiels. Les femmes en questions étaient cyniquement appelées « des lapins » car, ne pouvant tenir debout, elles se tenaient assises en endurant leur souffrance, sur des tabourets.

Toutes ces décisions nécessitent la mise en berne de l’empathie et l’écrasement de la sensibilité. Cette part de l’être humain qui s’adonne à ce type de pratique est dépouillée de son humanité. Quelque chose meurt en la personne quand elle pratique le crime. Aussi, avons-nous le devoir de crier notre indignation, de dire « non ! ». Ainsi que l’avait perçu Stéphane Hessel, l’indignation est le refus de l’absence d’humanité, refus d'effacement de l’empathie. Se dire indigné, c’est dire notre refus de lâcher prise à la compréhension émotionnelle que nous avons de nos semblables, notre refus d’exercer notre humanité dans la liberté qu’elle-même nous confère par son simple exercice.

Cathy Leblanc Professeur des universités catholiques en philosophie à l’ICLille.

Plus :

Entretien entre Cathy Leblanc et Françoise Sironi, le 11 novembre 2015 au Palais des Beaux arts de Lille dans le cadre de citephilo.

https://www.youtube.com/watch?v=s5LRDszC8eg

 

 

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17 mars 2016 4 17 /03 /mars /2016 07:36

Il est sorti !

Actes du colloque de mars 2015.

Sans le corps la vie n’est rien : elle a besoin de son enveloppe et de tout un dispositif qui l’amène à être en lien avec son environnement, à manifester ses états d’âme ou à porter son esprit vagabond. C’est avec le corps que commence la liberté, soit-elle individuelle, civile ou collective. Aussi est-ce au corps que s’en sont pris les grands managers de cette machine infernale que furent les camps de concentration nazis. On y réduit la vie à sa plus simple expression. Elle devient « ce qui reste » : des cadavres, des silhouettes amaigries faisant toutefois preuve d’une créativité inouïe pour résister. Les études présentées dans cet ouvrage nous montrent comment s’est produite la réduction de l’autre, l’opposant politique, le résistant, le Juif, l’homosexuel… à partir de son corps. Et chaque fois se pose la question de ces consciences qui ont bien pu assister à l’organisation de cet univers infernal ou la générer. Observer et analyser ce qu’a pu être la déportation sous l’angle du corps, nous a permis de comprendre que s’il est quelque chose de concret, le corps est aussi ce à partir de quoi la nature devient culture. Et s’en prendre à la culture, ennemie de la pensée unique des totalitarismes, ce fut, dans ce contexte réduire les corps des intolérés à des souffrances extrêmes ou à des morts horribles. .

Ont contribué à cet ouvrage :

Corinne BENESTROFF, Marie-Josèphe BONNET, Michel CASTRO, Stanislas DEPREZ, Dominique DURAND, Jean-François FAYARD, Sylvie HUMBERT, Cathy LEBLANC, Marjorie LOMBARD, Christophe PERRIN, Serge RAYMOND, Marie-France REBOUL, Pol VANDEVELDE.

 

Pour commander, merci de vous adresser à

legeaibleu@orange.fr

ISBN : 978 2 914 670 814

Prix : 24,50 € + frais de port

Ou retirer au secrétariat de la faculté de théologie de l'Université catholique de Lille pour un prix, hors frais de librairie, de 20€.

Le Corps à l'épreuve de la déportation, Geai Bleu Editions, mars 2016
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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 01:21

www.cathyleblanc.fr

DU 10 AU 12 MARS 2016

à la Faculté de théologie

de l'Institut catholique de Lille

 

Jeudi 10 mars 2016

9.30 Accueil

10.00-10.30 Introduction par Cathy LEBLANC, UCLille, BDK, AFMD-DT59, L’Ecriture de l’histoire

10.30–11.00 Catherine VIALLE, UCLille, Déportation, Exil et Ecriture biblique

11.00-11.15 Discussion

11.15-12.00 Dominique FOYER, UCLille, Ecriture du désastre vs. Théologie négative

12.00–12.15 Discussion PAUSE DEJEUNER

14.15-14.45 Mary HONAN, DCU-(Dublin) L’invention de l’hospitalité (Derrida) à partir de « The Boy in stripped pijamas »

14.45-15.00 Discussion

15.00-15.20 Stanislas DEPREZ, UCLille La dé-écriture de l’histoire ou l’écriture du négationnisme

15.20-15.30 Discussion 15.30–16.15 Christophe PERRIN, Université de Louvain-la-neuve, FNRS, l’Indéchiffrable

16.15-16.30 Discussion 16.30-16.45 PAUSE 16.45-17.30

Jean-François REY, Lille 3, Le Livre et les Livres : du prophétisme dans l’écriture (Lévinas)

17.30-18.00 Discussion Vendredi 11 mars 2016 9.20-10.00 Serge RAYMOND, FMD, Ce que nous transmettent les déportés

 

Vendredi 11 mars 2016

10.00-10.10 Discussion

10.10-10.50 Marjorie LOMBARD, CHR de Roubaix/Paris 7, Faire acte de résistance intérieure par le « Je » de l’écriture…

10.50-11.00 Discussion

11.00-11.15 PAUSE

11.15-12.00 Denis SALAS, ENM /AFHJ Paris, A partir de l’œuvre de Charlotte Delbo

12.00-12.15 Discussion PAUSE DEJEUNER

14.15-14.50 Corinne BENESTROFF, Paris 8, La Direction de l’Absent : fabriques mémorielles et écriture.

14.50-15.05 Discussion

15.05-15.45 Hartmut DUPPEL, Université de Regensburg (Allemagne), L’Œuvre poétique de Buchenwald

15.45-16.00 Discussion

16.00-16.15 PAUSE

16.15-16.45 Dominique DURAND, BDK (Paris), Des petits billets aux lettres aux familles

16.45-17.00 Discussion 17.00-17.40 Renato BOCCALI, Université de Milan, Ecritures de lumière : la force des images dans les photographies du camp de concentration de Mauthausen

17.40-18.00 Discussion Samedi 12 mars 2016

 

Samedi 12 mars 2016

9.00-9.45 Odile LOUAGE, AFMD-DT59 (Lille), Comment écrire dans un camp ?

9.45-10.25 Paul VANDEVELDE, Université de Marquette à Milwaukee (USA), L’écriture comme reconnaissance de la vulnérabilité 1

0.25-10.40 Discussion

10.40-10.50 PAUSE

10.50-11.30 Eric PENET, Lille 3/IRHIS, L'Architecture concentrationnaire : une forme spécifique d'écriture de la Weltanschauung nazie

11.30-12.10 Agnès TRIEBEL, BDK (Paris), « Dessine moi un camp » ou le regard d’un enfant déporté sur le système concentrationnaire.

12.10-12.30 Discussion et clôture du colloque.

 

BULLETIN D’INSCRIPTION

NOM :____________________________ PRENOM :_______________________________ Mail :_____________________________

Adresse postale :__________________________ ________________________________________ Tél._____________________

 

Inscription au colloque : 15 euros sauf moins de 25 ans Les repas sont payants : Merci d’entourer la réponse utile (l’inscription au repas doit être envoyée avant le 25 février). jeudi midi : 20 euros vendredi midi : 20 euros TOTAL : Merci de libeller votre règlement à l’ordre de l’ « Institut Catholique de Lille », et de l’envoyer à Faculté de Théologie, à l’attention de Mme C. Leblanc, 60 Bd Vauban – CS 40109 – 59016 LILLE Cédex. L’inscription, même gratuite, est demandée. Merci de votre compréhension.

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 15:46

 

 

 

Colloque international interdisciplinaire

 

L’écriture à l’épreuve de la déportation

 

du 10 au 12 mars 2016 à l’Université catholique de Lille

 

L’écriture est fondamentalement une mise en forme de la vie. Si l’enfant passe par la forme des lettres pour inscrire les mots qui formeront ensuite des phrases, un texte, puis un récit, les civilisations se caractérisent aussi par la mise au point d’un système graphique qui leur permettra d’inscrire ce qui se vit dans l’histoire, ce qui se fera pendant plusieurs millénaires par le travail de la main. L’écriture devient ainsi la trace de ce qui se vit, de ce qui s’est vécu. Dans le contexte des camps de concentration, l’écriture prend une toute autre dimension. Elle commence par être la devise du camp, « A chacun son dû » pour Buchenwald, « Le travail rend libre, pour Auschwitz et Dachau. Pourquoi une telle étiquette ? Les slogans seront nombreux et sont les piliers de l’idéologie nazie : « Les Juifs sont notre malheur », lit-on sur des banderoles entourant un meeting antisémite le 15 Août 1935 au Sportpalast de Berlin. Ces étiquettes, ces slogans vont se graver dans les esprits pour motiver la haine de l’autre et justifier sa destruction. Ils deviennent une référence. Cette référence, on la retrouve aussi dans le serment que prête un Eichmann dépossédé de lui-même et livré corps et âme à l’injonction de crime de nombre avant qu’il ne soit reconnu « crime contre l’humanité », un Eichmann qui n’avait même pas lu ce qu’écrivit Hitler dans mein Kamf pour annoncer son programme. En regard de ce serment conduisant chacun à devenir criminel, on trouve le serment courageux des déportés rassemblés une dernière fois sur la place d’appel, lors de la libération des camps. Chacun s’engage alors à lutter pour « l’écrasement définitif du nazisme ». L’écriture se retrouve ensuite dans le matricule attribué ou gravé dans la peau, comme cela se fit à Auschwitz. L’Homme, réduit au rang de bétail, est tatoué et doté d’un numéro qui le marquera toute sa vie et marquera la vie de ses descendants en quête perpétuelle de ce qui a été perdu sous le sceau de la déshumanisation. Certains déportés décideront même de faire inscrire ce matricule sur leur carte d’identité, comme s’il était à vie entré dans leur existence. L’écriture est aussi l’écriture des lois qui ont permis de justifier au niveau de l’état la mise en place de la destruction massive de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. L’écriture juridique se retrouve ensuite, en miroir dans les procès des grands criminels contre l’humanité : il faut reconstruire les faits, essayer de comprendre les mécanismes, et annoncer la sentence qui va rayer à jamais le nom du bourreau du royaume de l’existence ou lui imposer une peine modérée. Enfin l’Ecriture, la foi, la croyance en une transcendance, quelques soient les religions, pratiques spirituelles ou fraternelles, un récit par lequel l’esprit peut se déplacer dans un univers différent, inspiré et trouver comme un menu soulagement du corps ou la force de résister. Nous souhaitons interroger ici le rôle de l’Ecriture dans ce contexte d’une souffrance extrême du camp de concentration. Terminons à présent ce panorama, sans qu’il puisse toutefois se clore, par l’écriture des journaux intimes, des fragments, des poèmes, des récits de vie. Certains seront écrits pendant la déportation et gardés comme témoignages, d’autres ne pourront s’écrire que très longtemps après alors que s’écrira l’Histoire. On constatera à quel point l’écrit se différencie de l’oral. Les réponses aux questionnaires que nous avons pu rassembler les années précédents sont d’une nature très différente de celle des témoignages oraux que l’on a pu recueillir. Des chercheurs de France et de Navarre, d’Europe et d’Outre continent apporteront leur concours à la réflexion pour nous permettre de nous représenter cette question essentielle de l’écriture dans le contexte de la déportation.

L'objectif de ces études sur la déportation, sur la barbarie dont l'homme est capable est aussi de proposer des outils pour comprendre le monde actuel. Le colloque ne sera donc pas en rupture avec notre présent et bien des liens seront proposés qui permettront de comprendre un peu mieux la société contemporaine.

 

Pour tout renseignement ou inscription contacter : cathy.leblanc@univ-catholille.fr

Tél. 06.82.54.95.07 -

Voir aussi www.cathyleblanc.fr

Droit d’entrée : 5 € pour les étudiants / 20 € pour non-étudiants / Gratuit pour demandeurs d’emploi

 

 

Chaque colloque est publié.  "Le Pardon à l'épreuve de la déportation" est sorti en septembre aux éditions du Geai bleu - Il est disponible sur commande à legaibleu@orange.fr ou sur amazon.fr ISBN : 978 291 467 0760 – 24.50€

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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 12:59

70ème anniversaire de la libération du camp de Buchenwald

Ce weekend avaient lieu de nouveau et comme chaque année, un immense rassemblement fraternel à Buchenwald. Ainsi que l’indique l’expression que l’on utilise couramment, Buchenwald est devenu l’appellation d’un lieu un peu comme on parle d’une ville : on va à Paris, à Berlin ou à Londres. Pourtant on ne va pas à Buchenwald comme on va à Paris, à Berlin ou à Londres car Buchenwald n’est pas tout à fait un lieu, c’est une forêt de hêtres où le non-être a englouti des dizaines de milliers d’existences. Buchenwald n’est pas un village mais le nom désigne la forêt dans laquelle un régime criminel officiel et légitime s’est rendu coupable de crime contre l’humanité. Et si Buchenwald est devenu comme le nom d’une ville c’est parce qu’il fut la destination de dizaines de milliers de personnes qu’on allait faire mourir : 56000 au total.

Commémorations

Quatre-vingt-neuf déportés étaient présents, tous très âgés, mais maintenus par la volonté indestructible de faire connaître encore et encore ce qui s’est produit là, dans ce coin de nature où deux siècles auparavant un certain Goethe rédigea son Faust. Au beau milieu du sordide camp de Buchenwald, se trouve en effet, un autre lieu que l’on désigne sous l’appellation d’arbre de Goethe qui constituait pour les déportés le signe d’une malédiction. On disait dans le camp que lorsque cet arbre serait détruit, le camp serait libéré. Quelle étrange relation que celle de Goethe, de Faust et du camp où l’on a volé l’âme de tant de personnes ! Vendre son âme au diable contre une jeunesse éternelle ; c’est aussi d’un plan véritablement diabolique que les prisonniers furent victimes dans ce lieu. On raconte que peu de temps avant la libération du camp, il y eut un orage qui foudroya l’arbre de Goethe. Comment concevoir tout ce sens, ces relations ? Annonce ? Préfiguration ? La plus cruelle attente devant la plus sordide entreprise. Nous sommes en 2015, qui n’a rien de l’an de grâce 2015 comme pourrait le dire la formule. Mais, en dépit des circonstances, des difficultés humaines, sociales, et économiques, une fois encore, tout le monde était au rendez-vous pour les cérémonies. Chaque année tout le monde fait le voyage. Pourquoi ? Quel sens cela a-t-il ?

Commémorations

Au sortir du camp, rassemblés une dernière fois sur la place d’appel du haut de leur 35 ou 40kg les déportés ont prêté serment pour dire leur volonté et leur engagement dans une lutte sans appel contre la barbarie et toute forme de régime totalitaire et criminel. Cette lutte a pris la forme de ce que l’on nomma un « travail de mémoire » (et non un devoir de mémoire car chacun prenait le libre engagement de s’y adonner). Il consista à témoigner le plus possible et en tous lieux des faits qui avaient été vécus. C’est ainsi que les anciens déportés parcoururent les écoles pour dire aux enfants ce dont ils avaient été victimes et ce qui s’est produit. Le message peut se formuler de la façon suivante : soyons attentifs et vigilent : l’homme est capable du pire quand il s’appuie sur l’intolérance et la haine et surtout la haine raciale. C’est ainsi que les cérémonies de mémoire ont recouvert un double aspect : celui d’un recueillement et celui d’une mise en garde. L’idée est que conscient des atrocités qui peuvent surgir, on fasse attention à la différence. L’idée est également de penser que quiconque se joindra au recueillement sera capable de l’empathie qui nous garantit une humanité paisible et harmonieuse. Car l’empathie est bien ce dont ont été dépourvus les bourreaux. Et il y a des méthodes très précises pour soustraire leur capacité d’empathie à ceux qui doivent devenir des bourreaux. Cela implique une rupture de la capacité de lien que porte en principe l’empathie produite par le jeu des neurones miroirs ainsi qu’ont pu le révéler les travaux de René Girard.

Commémorations

L’idée des commémorations, du travail de mémoire mais aussi des travaux réalisés sur ces événements, c’est aussi d’essayer de comprendre les mécanismes par lesquels on survit, par lesquels on devient capable du pire, de l’impensable, de l’impossible et de l’inacceptable. Comment un être humain peut-il franchir de telles limites ? Comment un médecin peut-il en venir à s’adonner à des expériences sur des cobails humains qu’il fait atrocement souffrir.

Parmi les différentes étapes des commémorations se trouve une visite guidée du camp et un lieu dans lequel on a perpétré tant de crimes et tant d’horreurs n’est pas comparable à n’importe quel lieu. Il y a quelque chose qui reste, quelque de froid, d’effroi et de lourd. La temporalité de la visite n’est pas non plus assimilable à la temporalité d’une visite touristique. C’est un peu comme s’il y avait une mémoire du lieu ou comme si chaque lieu possédait une matérialité abstraite, invisible mais perceptible qui se transforme en fonction de ce qui est vécu.

Il faut dire qu’il fait très froid à Buchenwald. On se trouve sur une plaine directement exposée au vent du Nord et l’on ne peut pas penser que ce lieu ait été choisi au hasard. Alors que le temps était des plus clément -il fit jusque 28 degré vendredi dernier à Weimar- on sent le froid tomber sur ses épaules dès que l’on arrive sur ce que l’on a désormais nommé « la route du sang ». Il s’agit du chemin que parcouraient les déportés arrivés en gare de Weimar pour rejoindre le camp. C’est le long de cette route forestière que furent plantés des arbres fruitiers afin de commémorer la mémoire de valeureux prisonniers comme Marcel Paul, communiste français, grand résistant ou encore Otto Kipp, antifachiste allemand.

 

Commémorations

Dans la forêt, pour la cérémonie de plantage des arbres qui eut lieu le samedi, des fauteuils et des couvertures avaient été préparés devant l’un des arbres, celui de Otto Kipp. Dans le camp, on inaugura également une plaque pour les déportés espagnols alors que l'année dernière, l'inauguration commémoraient les aviateurs canadiens dont faisait partie Ed Carter Edwards.

Commémorations

Alors que les discours des autorités et de personnalités étaient présentés, les anciens déportés écoutaient attentivement. La souffrance occasionnée par le crime de masse n’a pas de limites et il se produit toujours, lors des commémorations, des manifestations inattendues que l’on a soin de respecter. On remarque ainsi un vieil homme portant une kippa avec un placard autour du coup et la dénonciation des actes de barbarie nazie. Il apporte des bouquets de jonquilles aux anciens déportés, leur donne une bougie et leur demande de signer son livre, ce que chacun fait gentiment. La gentillesse et la fraternité viennent réchauffer le lieu, tout comme les interventions des écoliers et collégiens présents chaque année lors des cérémonies. Cette fois, c’est un jeune homme qui a joué un morceau de violon. La presse allemande est elle aussi toujours au rendez-vous pour donner écho à ces cérémonies. On ne saurait donc prétendre, comme cela est fait parfois que l’Allemagne veut ignorer ce qui s’est produit pendant le IIIème Reich. Les autorités allemandes, locales et nationales sont très actives.

Commémorations

Chaque année et continuellement c’est un musée qui se construit avec des expositions d’objets nous ouvrant sur la vie mais aussi les réalisations les plus inattendues de ces pauvres déportés. Cette année, à la suite d’un immense travail de recherche, mais aussi un travail politique de conventions, de prêts, et tout ce côté administratif et parfois lourd qui peut accompagner une exposition, l’association française de Buchenwald Dora et Kommandos en la personne extrêmement dévouée d’Agnès Triebel et de concert avec Gisèle Provost, a pu proposer une exposition des médailles gravée par Pierre Provos, un résistant français interné au camp de Buchenwald en janvier 1944.

Voir : http://cnrdbarbusse2012.blogspot.com/2012/03/etre-solidaire.html

Cette journée du samedi se prolongea à Weimar, au théâtre où l'on organisait une soirée de très grande qualité avec une pièce de théâtre : Die Soldaten, des ateliers avec des anciens déportés qui se mettaient au service des étudiants pour répondre à leur question, puis de la musique de jazz, musique interdite par le troisième Reich. Le dimanche eurent lieu les grandes commémorations dans le camp de Buchenwald avec les discours publics des anciens déportés et des autorités (cf. article de l'année dernière).

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5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 10:06

La fraternité à l’épreuve de la déportation

Par Cathy Leblanc, Professeur en philosophie

espace Marx, 6bis rue Salengro - Hellemes

métro marbrerie.

le jeudi 16 avril 2015 à 18.30

sur invitation de Pierre Outeryck et sous la présidence d'honneur de Sonia Frimat, présidente de l'association des déportés et internés résistants et patriotes (ADIRP59)

Dans la série des colloques « à l’épreuve de la déportation », une conférence grand public sera proposée jeudi 16 avril à 18.30 à l’espace Marx de Lille. L’objectif est de partager les études thématiques qui ont été réalisées ces dernières années afin de faire apparaître la singularité de l’expérience concentrationnaire.

Par le terme de fraternité, on entend, solidarité, amitié, sollicitude, entre-aide. A travers ce terme, on voit aussi comment s’organise les liens entre les victimes des camps. Mais on observe tout également l’absence de lien et l’on comprend pourquoi il est impossible de tisser des liens pour des raisons très précises.

Dans cette conférence, je ferai le bilan de ce qui a été appris lors du colloque de l’année dernière en m’appuyant sur les précieuses réponses qu’ont bien voulu me faire parvenir les déportés, que je remercie très vivement.

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 14:29

Colloque international interdisciplinaire

Du 10 au 12 mars 2016

à l’Université catholique de Lille

« L’écriture à l’épreuve de la déportation »

L’écriture est fondamentalement une mise en forme de la vie. Si l’enfant passe par la forme des lettres pour inscrire les mots qui formeront ensuite des phrases, un texte, puis un récit, les civilisations se caractérisent aussi par la mise au point d’un système graphique qui leur permettra d’inscrire ce qui se vit dans l’histoire, ce qui se fera pendant plusieurs millénaires par le travail de la main. L’écriture devient ainsi la trace de ce qui se vit, de ce qui s’est vécu.

Dans le contexte des camps de concentration, l’écriture prend une toute autre dimension car elle n’indique plus la construction de l’humanité mais sa destruction. Elle commence par être la devise du camp, « A chacun son dû » pour Buchenwald, « Le travail rend libre, pour Auschwitz et Dachau. Pourquoi fallait-il une devise à ces camps, les temples de la dégradation à l’image du temple de Delphes, dans l’antiquité grecque, portant la devise « connais-toi toi-même », qui était, lui, celui de l’élévation. Pourquoi une étiquette ? Les slogans seront nombreux et sont les piliers de l’idéologie nazie : « Les Juifs sont notre malheur », lit-on sur des banderoles entourant un meeting antisémite le 15 Août 1935. Ces étiquettes, ces slogans vont se graver dans les esprits pour motiver la haine de l’autre et justifier sa destruction. Ils deviennent une référence.

Cette référence, on la retrouve aussi dans le serment que prête un Eichmann dépossédé de lui-même et livré corps et âme à l’injonction de crime de nombre avant qu’il ne soit reconnu « crime contre l’humanité », un Eichmann qui n’avait même lu ce qu’écrivit Hitler dans mein Kamf pour annoncer son programme. En regard de ce serment conduisant chacun à devenir criminel, on trouve le serment courageux des déportés rassemblés une dernière fois sur la place d’appel, lors de la libération des camps. Chacun s’engage alors à lutter pour « l’écrasement définitif du nazisme ».

L’écriture se retrouve ensuite dans le matricule attribué ou gravé dans la peau, comme cela se fit à Auschwitz. L’Homme, réduit au rang de bétail, est tatoué et doté d’un numéro qui le marquera toute sa vie et marquera la vie de ses descendants en quête perpétuelle de ce qui a été perdu sous le sceau de la déshumanisation. Certains déportés décideront même de faire inscrire ce matricule sur leur carte d’identité, comme s’il était à vie entré dans leur existence.

L’écriture est aussi l’écriture des lois qui ont permis de justifier au niveau de l’état la mise en place de la destruction massive de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. L’écriture juridique se retrouve ensuite, en miroir dans les procès des grands criminels contre l’humanité : il faut reconstruire les faits, essayer de comprendre les mécanismes, et annoncer la sentence qui va rayer à jamais le nom du bourreau du royaume de l’existence.

Il importe aussi de considérer l’Ecriture, la foi, la croyance en une transcendance, quelques soient les religions, pratiques spirituelles ou fraternelles, un récit par lequel l’esprit peut se déplacer dans un univers différent, inspiré et trouver comme un menu soulagement du corps ou la force de résister. Nous souhaitons interroger ici le rôle de l’Ecriture dans ce contexte d’une souffrance extrême du camp de concentration.

Terminons à présent ce panorama, sans qu’il puisse toutefois se clore, par l’écriture des journaux intimes, des fragments, des poèmes, des récits de vie. Certains seront écrits pendant la déportation et gardés comme témoignages, d’autres ne pourront s’écrire que très longtemps après alors que s’écrira l’Histoire. On constatera à quel point l’écrit se différencie de l’oral. Les réponses aux questionnaires que nous avons pu rassembler les années précédents sont d’une nature très différente de celle des témoignages oraux que l’on a pu recueillir.

Des historiens, philosophes, sociologues, anthropologues, théologiens, chercheurs en littérature, psychologues, de France et de Navarre, d’Europe et d’Outre continent apporteront leur concours à la réflexion pour nous permettre de nous représenter cette question essentielle de l’écriture dans le contexte de la déportation.

Renseignements : cathy.leblanc2@wanadoo.fr ou au 06.82.54.95.07 – Le programme sera disponible sur le blog suivant : www.cathyleblanc.fr

Inscriptions : 20 euros / gratuite pour étudiants et moins de 25 ans

Conseil : il est préférable de réserver le plus tôt possible.

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  • : Enjeux métaphysiques
  • : Blog de Cathy Leblanc, professeur en philosophie à l'Institut catholique de Lille. Thèmes de recherche : la barbarie et la déshumanisation, la phénoménologie heideggerienne. Contact : cathy.leblanc2@wanadoo.fr Pas d'utilisation de la partie commentaires pour avis publicitaire svp.
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