Colloque international interdisciplinaire
Du 19 au 21 mars 2020
La question de la Déportation constitue une base de réflexion fondamentale sur l’humanité de l’Homme. Elle propose d’explorer ce de quoi l’homme est capable tant en ce qui concerne sa capacité de survie au traumatisme, à la torture, à la déshumanisation, qu’en ce qui concerne sa capacité de produire le mal radical.
A travers des thématiques comme celle du pardon, celle de la fraternité, du corps, de l’écriture, de la religion, mais aussi celle de la loi, nous avons pu comprendre, les années précédentes, comment chacun de ces concepts était mis en œuvre : la fraternité pour résister à l’extrême difficulté de survie dans un camp de la mort, la question de la loi pour mettre en œuvre un génocide légal, par exemple.
Comment alors concevoir l’humanité de l’Homme ? Comment se représenter la réduction de l’humanité à laquelle est réduite le déporté ? Quels sont les ressorts qui lui permettent de survivre au pire, pour vivre ad vitam eternam avec un traumatisme sévère ? Le déporté est marqué à jamais : par son tatouage quand il en a eu un, par son matricule qu’il connait par cœur en allemand (langue officielle des camps), par les peurs ou psychoses qu’il a contractées.
Ceci pose également et nécessairement la question du bourreau, du système qui permet de mettre en place l’inhumain comme politique générale et de statuer sur une vision totalitaire d’une humanité voulue et choisie. Quelle était la vision nazie de l’humanité ? C’est une question à laquelle s’est attaquée Johann Chapoutot mais aussi Tzvetan Todorov auquel nous souhaitons rendre hommage pour ce 75ème anniversaire de la libération des camps en compagnie de Jacques Demorgon. Ils nous montrent les ressorts d’un système déshumanisant à l’extrême.
Tout d’abord, nous souhaitons redire que c’est légalement que la sélection des hommes et des femmes, des enfants et des vieillards, a eu lieu et souhaitons interroger de nouveau le type d’humanité qui se cache derrière des lois meurtrières.
L’humanité commence par l’enfance et nous pourrons, dans le colloque rassembler des éléments pour comprendre les enfants dans les camps, les enfants cachés, les enfants de déportés, d’une part et l’enfance dans les écoles hitlériennes, l’enfance des futurs bourreaux, le moment de la vie où au lieu de construire, on détruit l’humanité. Cela nous permettra de comprendre avec quelle détermination les victimes ont été réduites au rang d’éléments indésirables.
L’humanité concerne également les femmes et nous voyons de part et d’autre de la ligne morale, des femmes rasées, des femmes affamées, des femmes assassinées, des femmes qui accouchent dans des camps (Ravensbrück).
Ce colloque est ouvert : il s’agit d’une étude sur la Déportation mais comme archétype du mal et nous souhaitons qu’il puisse être utile, comme les colloques précédents pour comprendre les violences contemporaines proches ou présentes (Rwanda, guerres civiles, terrorisme…) et permettre de travailler à la paix grâce à la compréhension et à l’étude. A cet égard, nous pourrons écouter le témoignage d’Antoinette Montaigne, ancienne ministre de la réconciliation en Centrafrique.