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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 14:16

 

Nous célébrons aujourd'hui le 65ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz par l'armée russe. C'est un anniversaire qui n'a rien de commun avec les anniversaires que l'on peut célébrer et fêter comme c'est le cas des anniversaires de naissance chez les hommes et même pour les hommes chez des animaux qui peuvent leur être proches.

 

L'anniversaire de la libération de ce camp est à la fois l'anniversaire de la libération des vies mais aussi par cette libération, l'événement qui permettra dans l'avenir de reconnaître ce dont l'homme a été capable. On n'en finit pas de décrire les tortures, les souffrances et de chercher quel sens il pouvait bien y avoir là, de recenser les faits, les récits aussi singuliers qu'émouvants.

 

Et pourtant, cela est essentiel car c'est l'intolérance pratiquée à un degré suprême qui permet de poser la mort d'autrui comme solution de vie. Cette mort n'est plus figurée comme dans le cas des menaces que l'on peut entendre proférer ici et là. Elle est concrète. Etat psychique passé à l'acte. Excès, démesure encore.

 

Les bâtiments où eurent lieu ces infâmes procès, ces crimes douloureux tombent en ruine. Des fissures craquèlent les murs et l'on dit qu'il faut 120 millions d'euros pour les remettre en état. On se pose alors, naturellement, la question de savoir s'il faut remettre en état et ce que cela signifie. On ne reconstruit pas Auschwitz : on préserve les traces d'un fait qui ne doit plus se reproduire. Et le maintien de la vie par l'éducation des faits qui ont eu lieu n'a pas de prix. On ne répare pas Auschwitz. On ne consolide pas les fondations. On ne rénove pas : ce sont les murs de la mémoire qui sont renforcés, réparés. Drôle d'écart entre ces murs-là et les murs du désastre : un entre-deux qui fait toute la différence et qui porte le sens de notre travail à tous aujourd'hui. Pour vivre dans la différence et la faire déférence, pour qu'un jour peut-être l'harmonie et l'amour entre les peuples, entre les personnes puisse prédominer. Fini la guerre, bonjour les concessions. Fini le terrorisme, bonjour le dialogue, la construction dans l'intelligence et dans l'effort d'un idéal acceptable pour tous et pour la vie de tous.

 

Ce chemin sera long et tient peut-être d'un idéal mais s'il parvient à se construire un jour, il faudra rendre hommage aux victimes qui auront su par leur dépouillement dans la souffrance, leur cri silencieux, leurs voix éteintes, retenir à la fois notre cœur et notre raison, parvenant ainsi à se faire entendre.

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commentaires

M
<br /> "Ce sont les murs de la mémoire qui sont renforcés, réparés".C'est une belle phrase à la fois symbolique et physique; par nos actions, nous devons faire en sorte que les murs de la mémoire ne<br /> s'effondrent jamais. Les morts vivent dans notre mémoire, nous ne les oublierons pas.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci Marie-France : oui ces murs là sont les garants de notre humanité et quand on peut douter qu'ils ont existé, alors, c'est une raison supplémentaire pour les renforcer, pour les restaurer,<br /> pour les enseigner et avoir toujours à l'esprit ce dont l'homme est négativement capable.<br /> <br /> <br />

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  • : Enjeux métaphysiques
  • : Blog de Cathy Leblanc, professeur en philosophie à l'Institut catholique de Lille. Thèmes de recherche : la barbarie et la déshumanisation, la phénoménologie heideggerienne. Contact : cathy.leblanc2@wanadoo.fr Pas d'utilisation de la partie commentaires pour avis publicitaire svp.
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