Après la burqua dont le débat a marqué de notre part, notre indigence intellectuelle notoire (période de crise oblige)et qui rappelle sans détour certaines expressions cartésiennes comme "songe-creux" ou "pense-misère", la question devient aujourd'hui, celle de savoir comment on peut ménager l'accès des adolescentes (car c'est encore des femmes qu'il s'agit) au planning familial. Comment donc, pouvoir garantir la contraception à de très jeunes filles, collégiennes avec le soutien des autorités ? C'est la question qui résume tout le problème et les enjeux de la sexualité adolescente ou pré-adolescente. Pour formuler la chose en termes prosaïques : comment les enfants peuvent-il baiser sans problème ?
Pardonnez la vulgarité de cette formulation mais il me semble qu'elle est là aussi à la hauteur ou au manque de hauteur du débat et caractérise notre indigence en matière de générosité intellectuelle. Permettre aux adolescentes d'avoir accès à la contraception est-il le vrai remède aux avortements chez les mineurs ?
Je ne vous cache pas que ce débat me choque et me dérange au plus haut point et que la banalisation de l'amour ravalé au simple rang de l'exercice de la sexualité me gène terriblement au regard de la qualité des sentiments et des pensées vers lesquels nous devrions être capables d'orienter notre jeunesse. Peut-être une telle garantie permettrait-elle de réduire le nombre des divorces et la vivacité de la souffrance morale qui peut conduire jusqu'au suicide.
La question est donc la suivante : est-ce l'exercice de la sexualité qui conduit au bonheur et au sentiment de plénitude ? Cet exercice est-il au rang des priorités dans la construction de la jeune personne ? Sommes-nous les garants de bons acteurs sexuels ou les responsables de petits êtres bien construits ? Ces questions comprennent leurs propres réponses et je pense que proposer une contraception, l'expliquer amplement et avec maints détails à une population très jeune me semble encourager une pratique sexuelle banalisée en négligeant de former les petites âmes à la poésie qu'elles pourront rencontrer et assumer quand viendra pour elles le temps de construire leur nid. On sépare amour et sexualité en leur apprenant à gérer la différence.
On se demande alors pourquoi l'école néglige cette construction de la personne et pourquoi alors qu'elle devrait disposer de moyens intellectuels qu'elle est sensée dispenser, elle se contente de fragmenter les problèmes et de généraliser leur approche. Pourquoi l'école n'aborde-t-elle pas de façon philosophique la problématique du corps, de la maîtrise de soi, de la dignité, la problématique du bonheur qui résulte de choix discernés et réfléchis, la problématique de la réflexion dans la vie de tous les jours, c'est-à-dire aussi celle de l'éthique et du respect de soi-même et d'autrui ? Pourquoi remplace-t-on tout ceci par la mise à disposition de la contraception ? Naturellement nous avons mission de guérir les plaies humaines mais n'a-t-on pas d'abord le devoir et la responsabilité de les prévenir et même d'être les garants de la possibilité d'accéder au bonheur et à la dignité ?