COLLOQUE INTERNATIONAL INTERDISCIPLINAIRE
La Condition des nomades
De l’internement à la question de l’hospitalité
Les 24 et 25 mai 2018
A l’Université catholique de l’Ouest (Angers)
Amphi Saint Anselme
Faculté de Théologie et Sciences Religieuses
Inscription gratuite mais obligatoire auprès de : colloquenomades@uco.fr
ou fred.pochet@uco.fr
Renseignement : 02.41.81.66.22
Le 29 octobre 2016, le Président de la République rendait, à Montreuil-Bellay, un hommage national devant les familles, descendants et associations des gens du voyage internés de force de 1940 à 1946. « La France se souvient d’un drame terrible qui a été ignoré, oublié, refoulé pendant trop longtemps qu’il est nécessaire d’évoquer pour réparer une injustice » déclara-t-il notamment.
Un an après, ce colloque international et interdisciplinaire, dirigé par trois philosophes d’universités différentes (Cathy Leblanc, ICL, Jean-François Petit, ICP, Fred Poché, UCO), entend montrer les logiques conduisant à l’internement puis à la déportation de nombreux nomades à travers toute l’Europe. Il s’inscrit dans un programme de recherche mené par une équipe internationale de scientifiques et spécialistes du terrain ayant questionné le pardon (2011), la fraternité (2014), le corps (2015), l’écriture de soi (2016), la résistance spirituelle (2017) dans les camps de déportation, mais aussi la Loi et l’appareil judiciaire menant à des lois criminelles permettant la déportation en toute légalité (mars 2018).
La réalité de l’internement des nomades et de leur déportation est encore aujourd’hui largement méconnue. Elle reste à explorer scientifiquement.
A partir de la loi de 1912, les gens du voyage – qu’ils soient citoyens français ou étrangers – ont été fichés, surveillés, astreints à résidence. Puis, leur internement et leur déportation progressive pendant la Seconde Guerre Mondiale conduisant à plus de 500 000 morts.
Quelles logiques ont conduit à travers toute l’Europe à cette relégation, cette exclusion puis cette extermination ? La France, qui disposait pourtant de solides atouts (une tradition humaniste, un droit du sol, un principe d’égalité, une volonté d’intégration…) a cependant cédé aux pires sentiments et mis en place, sur des peurs venues du fond des âges et des justifications racialistes, des dispositifs discriminatoires conduisant aux reniements des idéaux républicains et un basculement dans l’horreur. Il s’agira de comprendre comment des populations ont pu être humiliées, stigmatisées, exclues, du seul fait de ce qu’elles étaient, de leur mode de vie et leur dangerosité supposée.
De même, il faudra analyser comment une situation de crise comme celle de la Seconde Guerre Mondiale a pu non seulement générer des dispositifs disciplinaires, impliquant une iniquité des lois, un arbitraire des modalités de leur application, un manque des moyens des administrations en charge, une absence de cohérence entre instances régulatrices, une criminalisation des attitudes se soldant par une véritable abdication de la conscience morale et, dans l’après-guerre, à un refoulement dans la honte et le traumatisme, en difficulté pour faire valoir des droits légitimes à une réparation morale, matérielle et juridique.
Ce colloque devra aussi montrer comment des gestes héroïques de résistance ont pu se mettre en place, à travers quelques figures significatives, comme celle en France du Père Fleury (1905-1982), le futur fondateur de l’Aumônerie catholique des gitans et gens du voyage, défenseur pendant la guerre des Juifs et des Nomades du camp de Poitiers, dont les mémoires inédites donnent de précieux renseignements ou du chanoine Georges Duret, martyr de la Résistance (1887-1943). Il sera naturellement, si possible, donné la parole aux témoins survivants de ce drame.
Plus largement, ce colloque appréhendera les difficultés actuelles à concevoir l’égalité dans la diversité, à accepter la non sédentarité, à admettre le dialogue interculturel et interconvictionnel, tout comme les raisons d’une hospitalité, d’une solidarité et d’un engagement au service de populations marginalisées et discriminées, à partir d’apports historiques (les travaux de Jacques Sigot), philosophiques (Levinas et Derrida), psychologiques (les recherches à la suite de Boris Cyrulnik), éthiques et religieux pour ne citer que quelques pistes, dans la recherche d’une restauration de la dignité humaine fondamentale et d’une meilleure vie en commun.
JEUDI 24 MAI
9 h30 Accueil par Dominique COATANEA
Introduction à la problématique du colloque :
Cathy LEBLANC, La Logique des colloques sur la déportation
Jean-François PETIT, l’enjeu d’un travail interdisciplinaire sur la déclaration présidentielle de Montreuil-Bellay
I. Pour un état des lieux
Président de séance : C. PICHON
10h00 Montreuil-Bellay, un cas paradigmatique de l’enfermement des nomades
Jacques SIGOT, chercheur indépendant
10h30 Le Camp de Linas-Monthléry : des « nomades derrière les barbelés »
Théophile LEROY, agrégé d’histoire
11h discussion
11h30 Pause
11h45 La Logique d’internement en France
Islim ABOUT, CNRS
12h15 Pour une comparaison franco-allemande
Cathy LEBLANC, UCLille
12h45 Discussion
13h00 Repas
II. Figures d’une résistance méconnue
Président de séance : D. COATANEA
14h30 Présentation
14h40 La Persécution des Tsiganes dans le Nord et en Belgique
Monique HEDDEBAUT, historienne
15.10 Discussion
15h30 : Les Résistances spirituelles : le Père Jean Fleury, 1er aumônier national des gens du voyage (1905-1982) et le chanoine Georges Duret (1887-1943), poète, philosophe, résistant, témoin
Bernard GRASSET, UCO
16h45 : La Résistance tsigane en Europe
Calin SACAPLAN, Université de Cluj (Roumanie)
17.15 Espace, différence et coexistence. Entre sédentarité et nomadisme
Fred POCHE, UCO
18h05 : conclusions de la journée
Cathy LEBLANC et J.-F. PETIT
18h30 : apéritif dinatoire
20h30 : ciné-débat animée par Jacques SIGOT
VENDREDI 25 MAI
9h30 Présentation de la journée
III. Une catégorisation philosophique de l’univers concentrationnaire
Président de séance : Dominique DURAND, président Comité international Buchenwald-Dora
9h45 Sur la logique concentrationnaire
Dominique DURAND, Président du CIBD.
10h15 Monumémoire, ou de l’impossible souvenir
Renato BOCCALI, Université libre de langue et de communication de Milan
10h45 Discussion
11h15 pause
11h30 : La Négation de l’altérité (Levinas)
Vincent LAQUAIS, Faculté de philosophie, ICP
12h15 : discussion
12h 45 pause déjeuner
IV. Comment réparer ?
Président de séance : Ali MOSTFA, Université catholique de Lyon
14h30 : Présentation
14h40 : Du droit à une hospitalité inconditionnelle
J.-F. PETIT, Faculté de philosophie, Institut Catholique de Paris
15h10 : discussion
15h40 : pause
16h00 : table-ronde (animée par Ouest-France) : « la situation des Roms et des migrants : comment relever les défis de l’hospitalité ? »
La pédagogie du Centre régional « résistance et liberté » de Thouars (Virginie DAUDIN, directrice)
La loi de 2015 relative au statut, à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage. (Dominique RAIMBOURG, ancien député, rapporteur de la loi)
Le plaidoyer du Comité catholique contre la faim et pour le développement en faveur des roms et des migrants (Sylvie BUKUKHARI DE PONTUAL, présidente du CCFD-Terre solidaire)
L’action du Centre d’entraide dédié aux demandeurs d’asile et aux réfugiés (CEDRE-Secours catholique (Bruno MAGNINY, directeur) (sous réserve)
17h discussion
17h30 Conclusions du colloque par Jean-François PETIT, Cathy LEBLANC, Fred POCHE, Ali MOSTFA