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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 15:51

Chers amis,

J’ai reçu il y a peu, le résumé du Professeur Karl Thir qui interviendra lors du colloque sur le pardon pour parler de Frankl. J’aime à vous présenter ce résumé tant il est intéressant et pourrait d’ors et déjà susciter des réactions qui seront reprises lors du colloque. D’avance grand merci pour vos commentaires qui pourront être lus puisque Monsieur Thir est abonné au blog. Je félicite également le Professeur Thir pour la qualité de cet exposé et pour la qualité de son français (le Prof. Thir est germanophone). Pour ceux et celles qui souhaiteraient m’envoyer un résumé plus important que ce qu’ils ont proposé, ils peuvent le faire via mon adresse mail. Je le publierai sur ce blog de manière à ce que déjà des commentaires puissent apparaître. D’avance merci et….

UNE FABULEUSE ANNEE 2011 A TOUS  !!! Cathy Leblanc.

 

 Culpabilité et pardon selon Viktor Frankl

Par Karl Thir

Viktor Frankl (1905-1997) est le fondateur de la 3e école viennoise de la psychologie des profondeurs (après la psychanalyse de S. Freud et la psychologie individuelle d´A. Adler). Ayant été en contact avec Freud et Adler, le jeune psychiatre et neurologue Frankl a développé à partir de 1930 sa propre conception d´une psychothérapie : l´analyse existentielle (une anthropologie basant sur l´anthropologie de M. Scheler et la philosophie de l´existence selon Heidegger et Jaspers).

Après l´annexion de l´Autriche par les nazis une période de rudes épreuves et de persécution bestiale a commencé pour les Juifs vivant sur le territoire de l´ancienne Autriche. En 1942, Frankl, ayant été neurologue au seul hôpital juif à Vienne toléré par les nazis a été déporté avec sa femme et ses vieux parents dans le camp de détention de Theresienstadt. Là, son père est mort en 1943, sa mère a été transférée à Auschwitz où elle a été exterminée dans une chambre à gaz et sa femme a trouvé la mort dans le camp de Bergen-Belsen en 1945.

En octobre 1944 Frankl a passé quelques semaines à Auschwitz avant d´être déporté au camp de Kaufering-Türckheim (un commando du camp de Dachau).Là, il a été libéré par des troupes américaines le 27 avril 1945.

De retour à Vienne, il est devenu médecin-chef du département de neurologie de la clinique polyvalente. En 9 jours il décrit ses expériences du monde concentrationnaire dans un livre.

Frankl, docteur en médecine et en philosophie, a nommée sa thérapie « logothérapie », une psychothérapie centrée sur la question du sens de la vie. D´après ses recherches et ses expériences dans les camps de la mort Frankl enseigne que la motivation principale de l´homme n´est pas la « volonté du plaisir » (satisfaction du « ça » freudien) ni la « volonté de puissance » (satisfaction du besoin de se faire valoir et de dominer selon Adler) mais de trouver un sens à sa vie, de trouver et réaliser sa tâche personnelle que « la vie a réservé pour chacun/e».

L´homme peut trouver du sens en réalisant des valeurs de création (activité constructive), des valeurs d´expérience (expérience de la beauté de la nature et dans la culture, expérience de l´amour, de l´amitié, de la solidarité humaine) et des valeurs d´attitude. Parfois, l´homme n´a pas la liberté de changer son destin, mais il a toujours la liberté de changer son attitude face à un destin inchangeable, un destin qui se manifeste sous forme de la triade tragique qui sont souffrance, culpabilité et mort. Outre le sens personnel Frankl mentionne le « super-sens », le sens « de tout », qu´il appelle aussi Dieu. L´existence du super-sens ne peut pas être prouvée scientifiquement, mais l´homme peut faire l´expérience d´un sens supérieur et il peut – non pas en savoir, mais y croire.

Selon la logothérapie, la liberté est – avec la responsabilité - un existential de l´homme. Même si l´on veut le mieux, personne n´échappe à la culpabilité. Quant à la propre culpabilité, l´homme peut non seulement essayer de réparer les dégâts, mais aussi de devenir un autre – en tirant les leçons de ses fautes il peut se détourner du « non-sens du mal » et se tourner vers le « sens du bien ». Quant à la culpabilité des autres, l´homme comme victime a également le choix : ou bien la haine et la vengeance, ou bien le pardon. Le pardon, lui aussi, a une force de transformation salutaire : en restant dans un état de haine ou de désespoir, moi, comme victime, reste blessée et affaiblie. Mais en pardonnant – de cœur – je rends entre autres possible que mes blessures guérissent et que je devienne un homme rempli non pas de haine, mais de bonté. Moi, la victime, deviens également un autre.

Frankl a toujours dit qu´il a pardonné à ses tortionnaires et il s´est toujours prononcé contre la conception de la culpabilité collective. Selon lui, il n´existe que culpabilité individuelle, et il est éthiquement absolument incorrect de condamner quelqu´un pour quelque chose qu´il n´a pas fait, de le condamner seulement parce qu´il appartient à un peuple – dont les dirigeants et une majorité ont commis des actes criminels. Frankl dit même que la conception de la culpabilité collective est une « idée typiquement nationale-socialiste » dont lui, sa famille et des millions d´hommes ont été les victimes.

La jeune génération ne peut pas être responsable du passé, des crimes de la génération des grands-parents, mais elle est responsable de l´avenir : condamner les crimes, honorer les victimes et rester vigilant pour que « la peste de cœurs «  (A. Camus), le malheur du fanatisme, ne réapparaisse plus jamais.

 

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