Chers amis,
Vous aurez remarqué les changements apportés tout dernièrement à ce blog (www.cathyleblanc.fr) et sa configuration, ainsi que le nouveau titre que je lui ai donné. Ces changements correspondent à une idée plus fidèle de la philosophie qui m’est apparue tout dernièrement. A ce titre je remercie très vivement les personnes qui m’ont rendu ceci possible. Elles se reconnaîtront.
Quand on travaille dans cette matière et que l’on essaie de chercher le sens, sa profondeur, sa portée, son écho, on est finalement confronté à une redéfinition constante de la philosophie. Cette redéfinition s’opère pour moi après beaucoup d’expériences singulières qui se sont présentées surtout relativement à la problématique de la déportation comme vous n’aurez pas manqué de le comprendre.
Il m’apparaît désormais qu’outre une amplitude métaphysique, la philosophie doit surtout veiller à permettre ou sculpter en chacun de nous la possibilité de son propre dépassement. Peut-être est-ce là une reformulation du se-connaître-soi-même. Une certaine idée de la sagesse. Mais cette reformulation m’apparaît aujourd’hui, tout spécialement aujourd’hui essentielle.
En cela elle instaure une nouvelle mesure de la responsabilité quand la responsabilité devient nécessité d’une tension constante vers un idéal qui peut être à la fois éthique, esthétique, politique, mais aussi et surtout affectif, sentimental, sensible. Ouverture oblige.
Je reste convaincue que l’exercice philosophique ne s’effectue pas indépendamment de ce que maints auteurs ont nommé les passions. Et revenue d’un périple très sensible lui aussi, dans les camps de concentration autrichiens, ayant été le témoin d’un travail spécifique du souvenir, il m’apparaît très clairement désormais que la dimension herméneutique que l’on prête à l’interprétation de l’histoire, des faits vécus, des histoires singulières, des récits de vie, ne saurait s’affranchir de la dimension sensible du comprendre. Aussi le « je comprends » affectif peut-il se confondre au « je comprends » rationnel (je comprends la démonstration d’un problème d’algèbre par exemple).
Aussi l’herméneutique de la barbarie devient-elle fondamentalement dépendante d’une capacité qui peut se travailler et être guidée comme elle le fut pour moi, à la générosité de cœur, à la tolérance, à un savoir maintenir le jugement éthique en retrait tout en veillant à rester soi-même constamment un être éthique.
Cette forme d’acceptation devient la condition indispensable de la distance dont parlait Pythagore quand il définissait le philosophe comme celui qui ne prend pas part aux jeux dans l’arène, comme celui qui ne mise pas sur les vainqueurs, mais bien comme celui qui se tient en retrait.
Il m’apparaît désormais que ce retrait n’est possible que sur fond de sensibilité alors que je croyais jusqu’à présent qu’au contraire il n’était possible qu’à travers un certain exercice de la rationalité si bien que la sensibilité devient ou semble devenir prépondérante sur la seule rationalité.
Je voudrais encore préciser que sans destinataire, ce message n’aurait pas de sens. Je vous remercie donc pour le sens que vous contribuer à lui donner.
Très sincèrement,
CL.